vendredi 18 juillet 2014

Petite vengeance mesquine

Il était minuit passé lorsqu'il a sonné, j'étais en train de me brosser les dents. L'idée de ne pas lui ouvrir la porte m'a traversée l'esprit. Je suis en pyjama, il est tard, il doit être saoul ou stone. C'est mon ex, je n'ai plus à supporter ses caprices et ses discours de mec saoul. J'ouvre quand même le portail électrique et je reste sur le pas de la porte. Il m'emmerde.

Il a les yeux rouges, mais les paupières ne sont pas encore abaissées. Une tête de labrador qui cherche à se faire pardonner, une tête fatiguée et triste. Il porte un pull en laine beige que je lui avais offert. S'en souvient-il ? Il n'est pas trop saoul ni stone, il est surtout fatigué. Et triste. Très triste. Je le laisse entrer.

Il pose sur la table des barquettes de bouffe chinoise. Je me fais un thé. Il mange et me parle, me prend la main. Je le regarde et l'écoute. C'est drôle comme l'homme avec qui j'ai vécu pendant 7 ans me paraît pathétique. Pathétique et prévisible. Je sais déjà ce qu'il va dire, à un détail près.

"Ce soir je vais te parler franchement, franchement pour la première fois. Je n'aurai jamais cru cela possible, mais j'aime deux femmes à la foi. Toi et Naroma. Je suis désespéré. Mes amis me disent de suivre mon coeur. Et mon coeur me dit d'être avec mon fils."

Il m'aurait mis une claque que l'effet aurait été le même. Non seulement il aime son allemande qui vit à 12.000 km d'ici, mais en plus il veut être avec moi pour obtenir le petit confort de vivre avec son fils, dans sa maison. Le beurre, l'argent du beurre, et le cul de la crèmière. Il m'a plaquée pour une blondasse de 21 ans, et maintenant il me dit qu'il nous aime toutes les deux. Ma vie est une véritable caricature, d'une banalité sans fond. J'ai quarante ans, bordel. Je prend une large inpiration et lui sourit avant de répondre. Faut jouer serrer : ne pas être ridicule, trouver le sens de la répartie, sans pour autant l'humilier. Ca ne sert à rien. Puis il a une sérieuse carte entre les mains : celle de signer (ou non) l'autorisation de sortie du territoire de Petitange, si je veux rentrer en France.

"- Mais Negrito, il n'y a pas d'alternatives : tu es parti, nous sommes séparés depuis 8 mois. C'est tout."

 Ne pas lui dire que je ne veux plus de lui, que je ne l'aime plus. Restons concentrés.

"- Je ne peux pas imaginer ma vie sans Petitange, mais je ne supporte pas de te voir triste, et maigre. Si, maigre. Alors si vraiment tu veux rentrer en France, même si ça me crèvera le coeur, je te signerai l'autorisation."

Là, il pleure sincèrement. Paroles sincères d'un ivrogne..

"Je n'en peux plus de vivre chez mes parents. Ma mère me mène une vie impossible. Je t'aime toujours. Je n'ai jamais cessé de t'aimer".

Inspiration profonde. Se calmer... Là, il ment. Il a cette petite lueur dans les yeux. Je le connais bien : Ce n'est pas de l'amour, c'est du désir. Alors des idées m'arrivent à la vitesse de la lumière. Parfois, face au désir des hommes, c'est facile. Et il me vient une idée mesquine, pas belle, mais qui va me remonter le moral. Tu vas voir...


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