vendredi 23 janvier 2015

Je m'enlise

Je n'y arrive pas. A quoi ?
A me décider. A rester ici, ou rentrer en France.
Le cul entre deux chaises, ma brave Dame !

Mon psy me dit d'écouter ma petite voix. Mais elle est silencieuse.
Mon psy veut maintenant me voir une fois par semaine.
Il me fixe des objectifs, que je ne tiens pas. Aucun.

Je dors mal, je fais de terribles cauchemards.
Des enfants sont tués (à l'arme blanche, tant qu'à faire !). J'essaye de les sauver mais je n'y arrive pas.
Ou alors on essaye de piéger Negrito, on cherche à me faire participer au "complot" contre lui. Et au dernier moment je lui avoue tout pour le "sauver".  Il parait que c'est facile à analyser. Moi je ne comprend pas trop, c'est juste désagréable.

Puis j'ai cette boule dans la gorge qui grandit, qui me serre, et qui ne part pas.
Oui je sais, c'est le chakra de la communication. Aucune idée de ce que j'ai à dire et qui ne sort pas...

Alors... Je vais au yoga, au cours de zumba, je transpire, je respire, je rigole.
Puis je ne me décide toujours pas.

Mon psy m'a demandé "ce que je souhaitais".
Alors je vais vous l'avouer ici : Je n'en ai pas la moindre idée...
Je ne veux pas revivre avec Negrito.
Je ne veux pas d'autres mecs pour l'instant.
Je n'arrive pas à me décider.
Je vais bien. Mes journées sont un peu vides, j'ai juste "pas envie", vous comprenez ?

J'ai l'impression que j'ai un truc à régler ici, avant de "repartir"...
Mais je n'arrive pas à savoir quoi.

J'ai déjà dit à plusieurs personnes que je souhaitais rentrer.
Mais concrètement, je ne fais rien pour.
Appeler l'avocat, préparer la sortie du territoire de Petitange.
Mettre ma maison en vente.
La vider entièrement.
Retrouver un taff en France.
Planifier.
Mettre sérieusement Negrito au courant et lui dire "je te quitte, je me barre avec Petitange, à Noël prochain je serai en France, à bouffer des chocolats belges, j'en ai trop marre de Noël ici, de toi, et de ta famille".

Bon, ce soir je revois mon psy.
Peut-être qu'il faut reculer pour ensuite mieux sauter...

lundi 22 décembre 2014

Discussion de salle de bain

Je sors de la douche, une serviette autour de moi. Petitange me regarde.

- Maman, pourquoi les filles elles cachent leurs seins ?
- Parce queeeeuuuhhh... parce que les seins, ça sert à donner du lait aux petits bébés. Quand une maman a un bébé, elle lui donne du lait, avec ses seins.
- Et pourquoi les hommes ils ne cachent pas leurs seins ?
- Parce qu'ils ont des seins tous petits ! Et ils ne donnent pas de lait.
- Et quand j'étais bébé, tu me donnais du lait avec tes seins ?
- Oui. On dit "allaiter". Mais maintenant, tu n'es plus un bébé, et je n'ai plus de lait...
- Et pourquoi tu n'as pas d'autres bébés ?
- Parce que je suis toute seule ! Papa n'est plus la, et tu sais, pour faire un bébé, il faut un papa et une maman.

Petitange réfléchit...

- Je sais ! J'ai une idée:  je vais appeler papa, il va venir et vous allez me faire un bébé ensemble. Comme ça j'aurai un petit frère bébé...
- Heuuuuuuuu......... Je suis pas sûre qu'il soit d'accord, ton papa...
- Pourquoi ?
- Ben tu lui demanderas, hein...


mercredi 17 décembre 2014

Parent étranger

Je me suis adaptée rapidement au Chili. A la langue, aux coutûmes locales. Je me suis pliée, quelque fois avec plaisir, quelques fois en ronchonnant, aux us et coutumes du pays. Mais je plie.

Puis je suis devenue maman. Et j'ai beaucoup moins plié, d'un coup...

Je me suis adaptée quand même, refusant certaines choses, acceptant d'autres. Essayant de prendre le meilleur de l'éducation dans les deux cultures. Le côté tendre des chiliens, qui sont tous dans l'âme des papas ou des mamans, adorant les enfants... qui sont rois... et parfois détestables...

Puis Petitange est rentré à l'école maternelle. Entrer dans ce monde a été une grande aventure pour moi. L'école chilienne, c'est une autre dimension. Je sors des réunions de parents d'élèves ébahie, essayant de bien comprendre ce qu'ils veulent faire ou dire, pestant contre ce système éducatif de qualité médiocre, extrêment cher, et qui m'emmerde au plus haut niveau. Cette année j'ai fait un exposé sur le système solaire, j'ai peint 18 petites boules en polystyrène pour avoir 18 planètes Vénus, j'ai récupéré 4 vieux pneus pour les peindre en bleu et les ramener à l'école pour en faire des bacs a fleur... Sans compter les 18 pinces à linge peintes et décorées en crocodile, pour le conte sur le crocodile... 18, comme le nombre d'élèves de la classe, si vous vous posez la question. J'ai aussi vendu 3 tombolas de 10 tickets, et des 10 entrées à un cours de zumba. Et un exposé sur le coq...

Et comparée à d'autres mamans, il est clair que je ne m'investis pas beaucoup...
Je vous passe la tête que j'ai fait en peignant mes 18 pinces à linge le samedi soir, les doigts tout vert...Certaines mamans adorent bricoler pour leurs petits. Moi, je me verrai mieux en train de siroter un bon verre de vin entre amis, j'ai passé l'âge et ça ne m'amuse plus depuis bien longtemps. Mais je la ferme, personne ne comprendrait ici, je passerai pour une gringa égoiste qui ne s'investit pas dans l'éducation de son fils...

Cette semaine c'est la fin de l'année scolaire : les grandes vacances commencent juste avant Noël et la rentrée se fera en mars 2015 (puisque nous sommes presque en été ici). A la dernière réunion je me suis encore mordu la langue pour ne pas râler : les inscriptions pour l'an prochain (même si votre gamin est déjà dans cette école) se feront vendredi 19, de 8:00 à 14:00. Et personne ne se demande si vous pourrez y aller ou pas : on vous prévient même que la place de votre môme pourrait être donneée à un autre élève si vous n'y allez pas, car il y a beaucoup de demandes pour cet excelent établissement....
Ce jour là (pour bien vous foutre les boules), il faudra payer l'inscription et laisser 10 chèques pré-datés, pour les 10 mois de l'année scolaire 2015. On vous donnera aussi la liste des matériels scolaires à acheter:  cahiers, crayons, gomme, papiers de couleur, et au moins 6 livres. Plus l'uniforme, bien sûr.

Bref vous passerez votre été à acheter et chercher les matériels qu'on vous demande.
Moi je rêve de l'Education Nationale Française. Vous pouvez la critiquer, mais on n'emmerde pas les parents toutes les semaines, c'est gratuit et laïque (ou l'omniprésence de l'Eglise Catholique dans les écoles chiliennes). Et votre môme ne chante pas l'hymne national tous les lundis matin, en rang dans la cour, la main sur le coeur.





jeudi 23 octobre 2014

Anniversaire

Depuis quelques années je tombe malade juste avant mon anniversaire. Il y a deux ans j'ai même du annuler ma petite fête pour rester au lit avec des tisanes.

Cette année, comme les autres... Petitange m'a refilé un entérovirus qui me met KO. Le médecin m'a prescrit des médocs qui ne servent pas à grand chose...

Je crois qu'inconsciemment je n'accepte mon anniversaire, ou l'année en plus...

mardi 21 octobre 2014

Un an

Ça fait un an que Negrito m'a quittée. C'est beaucoup et peu de temps à la fois. J'ai parcouru beaucoup de chemin lorsque je regarde cette année passée. Je ne pleure plus comme une fontaine, même si l'avenir reste incertain. Nuageux, dirait mon psy.

Alors, ce bilan ?
Je me sens mieux sans lui. Ma vie est plus saine, plus simple. Je sais que nous ne serons plus jamais ensemble.

Et il me manque. Terriblement. Je le regarde et je sais qu'il ne m'aime plus. Il est ailleurs. J'ai enfin fini par l'accepter.
Par moment je rechute, j'ai envie qu'il me serre dans ses bras, je le supplierais de revenir à la maison. Mais il n'a plus cette étoile qui brillait dans ses yeux quand il me regardait. Son regard est triste, vide.

Par moment je le regarde, et je me demande comment nous avons fait pour vivre tant d'années ensemble, et faire un enfant. Il reste entre nous cette... complicité, cette tendresse... qui rassure et qui fait mal à la fois. Je me sens juste triste, comme devant un énorme gachis.

Alors je regarde finalement l'avenir devant moi, et non le passé derrière mes petites épaules.

J'ai pris ma décision. Je vais rentrer en France. Plus rien a faire ici : Negrito met sa vie en l'air, sa mère en tombe malade, mon travail n'a aucun avenir, l'éducation pour Petitange est chère et minable (un jour j'écrirai un truc sur l'éducation ici, pour me défouler et vous faire comprendre que l'éducation nationale française finalement n'est pas si mal).

Negrito est venu à la maison, saluer mon frère qui est venu en vacances. Mal à l'aise, il a sorti une bière du frigo (à onze heures du matin) et nous avons discuté un peu sur la terrasse, pendant que mon frère jouait avec Petitange. Je lance vaguement mon idée au milieu de la discussion:

- Je n'ai pas eu de nouvelles suite à l'entretien d'embauche que j'ai passé. Tu sais, je crois que je ne serai pas prise. Et bon... Je pense refaire mon CV et regarder en France.
- Tu vas rentrer en France ?
- Oh ce n'est pas pour tout de suite, mais bon, oui, enfin.. oui, j'y pense. Oui, j'ai envie de rentrer. Je dois trouver un travail d'abord, évidemment. Ca va me prendre du temps, ce n'est pas pour tout de suite.

Je le regarde fixement, le coeur battant. C'est la première fois que je lui dis ouvertement que je veux retourner vivre en France. Avec Petitange, évidemment.
Mais Negrito va avoir une réplique ahurissante. Nerveusement il tire sur sa cigarette et me répond:

- J'espère que tu trouveras du travail dans le sud de la France.
- Pourquoi ça ?
- Parce que comme ça, quand j'irai te voir, je pourrais aller voir les matchs de rugby. Près de Toulouse ce serait bien...



lundi 25 août 2014

Sans déconner

Je suis à côté du petit Buddha. Je suis ses conseils et je me lance.

"En fait, il y a une partie de moi qui désire qu'il revienne. Il me manque terriblement. En même temps, je sais que c'est impossible, et une autre partie de moi désire ne plus le revoir. Cette autre partie est même contente qu'il soit parti. Je ne comprends pas trop...."

Il note tout sur son cahier, relève le nez et me dit "c'est bien de reconnaître ça. Tu progresses, Piba, tu progresses".

Je progresse à reculons, oui.
Je ne comprends rien à mon psy...


mardi 19 août 2014

Machiste

C'est au cours d'une conversation avec une copine que soudain, j'ai compris. C'était évident, ça sautait aux yeux. A la gorge et au coeur aussi. Mais comment ai-je été aussi aveugle, comment n'y ai-je pas pensé avant... La vérité m'est tombée dessus comme un sceau d'eau glacée.

Avant que Negrito ne me quitte, nous avions décidé d'avoir un autre enfant. Un an et demi sans aucune contraception, puis rien... Mon gynéco m'avait soumis à une série d'examens médicaux, dont un en particulier qui ne se fait qu'à Santiago, particulièrement désagréable et douloureux. Pas une partie de plaisir, j'avais failli tourner de l'oeil, allongée devant le jeune et bel interne qui posait sa main sur mon bras en disant "ça va aller".

Les examens ne montraient rien de particulier, vous allez bien Madame, vos trompes ne sont pas bouchées, merci au revoir.

Pendant ce temps là, Negrito transpirait à soulever de la fonte au club de gym. Soucieux de la taille de ses muscles il se levait tôt le matin et avalait de mystérieuses poudres protéinées. Mécontent du résultat obtenu, il décida (contre mon avis) d'aller se faire piquer les fesses avec les hormones de cheval. Des stéroïdes et des anaboliques. Qui ont pour effets secondaires (outre les divers risques de diabète et autres saloperies) une diminution de la production de spermatozoïdes. Voilà...

La bonne nouvelle est que mon corps fonctionne probablement parfaitement bien.

Lorsque j'ai appelé Negrito pour lui expliquer, il a répondu "Ah je n'y avais pas pensé". Pour un dentiste qui a fait au moins deux ans de médecine générale, c'est une réponse qui vaut un paquet de cacahuètes.

La prochaine fois que j'irai voir mon gynéco, je lui expliquerai aussi. Avant d'envoyer la femme faire des examens couteux et douloureux, il pourrait poser quelques questions sur le futur papa... aux gros muscles et aux petits spermatozoïdes.