lundi 28 juillet 2014

Petite vengeance mesquine - 2

Nous sommes sur le canapé, ses mains passent sous mon pull. Je frémis et je le repousse gentiment. Il veut dormir avec moi. Je monte les escaliers qui mènent à ma chambre, il me suit.

Je me brosse les dents en pensant que remettre le couvert avec son ex, ça doit arriver à plein de personnes. Ma vie est banale, en fait. Ce n'est pas une raison pour choper des caries, je brosse consciencieusement.  Je me déhabille ensuite lentement pendant qu'il me regarde, alongé sur le lit. Certaines habitudes ont a dent dure...

Sous la couette les préliminaires commencent. Alors, a un instant précis, je lui chuchotte "attends" et je sors une boîte de préservatifs du tirroir de ma table de nuit.
- Mais pourquoi tu as des préservatifs dans ta table de nuit maintenant ?!
- Parce que je ne veux pas avoir d'autres enfants, figures-toi !

Pour un peu il s'en arrêterait là. Stupéfait, Negrito. Je reprends mes petites caresses comme si de rien n'était. Et savoure ma petite vengeance mesquine. Bien plus tard, il m'avourera encore qu'il n'en revient pas que j'ai des préservatifs dans ma table de nuit.

Je repense à ma bonne copine qui m'avait dit la semaine dernière qu'un fille célibataire devrait toujours avec des préservatifs chez elle. On devrait toujours écouter les conseils des copines, la semaine prochaine j'en achèterai d'une marque différente.. et j'en enlèverai un au paquet...

vendredi 18 juillet 2014

Petite vengeance mesquine

Il était minuit passé lorsqu'il a sonné, j'étais en train de me brosser les dents. L'idée de ne pas lui ouvrir la porte m'a traversée l'esprit. Je suis en pyjama, il est tard, il doit être saoul ou stone. C'est mon ex, je n'ai plus à supporter ses caprices et ses discours de mec saoul. J'ouvre quand même le portail électrique et je reste sur le pas de la porte. Il m'emmerde.

Il a les yeux rouges, mais les paupières ne sont pas encore abaissées. Une tête de labrador qui cherche à se faire pardonner, une tête fatiguée et triste. Il porte un pull en laine beige que je lui avais offert. S'en souvient-il ? Il n'est pas trop saoul ni stone, il est surtout fatigué. Et triste. Très triste. Je le laisse entrer.

Il pose sur la table des barquettes de bouffe chinoise. Je me fais un thé. Il mange et me parle, me prend la main. Je le regarde et l'écoute. C'est drôle comme l'homme avec qui j'ai vécu pendant 7 ans me paraît pathétique. Pathétique et prévisible. Je sais déjà ce qu'il va dire, à un détail près.

"Ce soir je vais te parler franchement, franchement pour la première fois. Je n'aurai jamais cru cela possible, mais j'aime deux femmes à la foi. Toi et Naroma. Je suis désespéré. Mes amis me disent de suivre mon coeur. Et mon coeur me dit d'être avec mon fils."

Il m'aurait mis une claque que l'effet aurait été le même. Non seulement il aime son allemande qui vit à 12.000 km d'ici, mais en plus il veut être avec moi pour obtenir le petit confort de vivre avec son fils, dans sa maison. Le beurre, l'argent du beurre, et le cul de la crèmière. Il m'a plaquée pour une blondasse de 21 ans, et maintenant il me dit qu'il nous aime toutes les deux. Ma vie est une véritable caricature, d'une banalité sans fond. J'ai quarante ans, bordel. Je prend une large inpiration et lui sourit avant de répondre. Faut jouer serrer : ne pas être ridicule, trouver le sens de la répartie, sans pour autant l'humilier. Ca ne sert à rien. Puis il a une sérieuse carte entre les mains : celle de signer (ou non) l'autorisation de sortie du territoire de Petitange, si je veux rentrer en France.

"- Mais Negrito, il n'y a pas d'alternatives : tu es parti, nous sommes séparés depuis 8 mois. C'est tout."

 Ne pas lui dire que je ne veux plus de lui, que je ne l'aime plus. Restons concentrés.

"- Je ne peux pas imaginer ma vie sans Petitange, mais je ne supporte pas de te voir triste, et maigre. Si, maigre. Alors si vraiment tu veux rentrer en France, même si ça me crèvera le coeur, je te signerai l'autorisation."

Là, il pleure sincèrement. Paroles sincères d'un ivrogne..

"Je n'en peux plus de vivre chez mes parents. Ma mère me mène une vie impossible. Je t'aime toujours. Je n'ai jamais cessé de t'aimer".

Inspiration profonde. Se calmer... Là, il ment. Il a cette petite lueur dans les yeux. Je le connais bien : Ce n'est pas de l'amour, c'est du désir. Alors des idées m'arrivent à la vitesse de la lumière. Parfois, face au désir des hommes, c'est facile. Et il me vient une idée mesquine, pas belle, mais qui va me remonter le moral. Tu vas voir...


mardi 8 juillet 2014

Atterrisage brutal

Les vacances ont été superbes. Petitange est le roi du voyage, après 17 heures de voyage et 6 heures de décalage horaire il reste tranquille, content de voyager.

Il faut s'expatrier longtemps pour se rendre compte que la France est belle, la gastronomie est fantastique, la diversité culturelle est enrichissante, et les français sont plutòt sympathiques. Avec, en prime, la légère sensation que tout est fluide et que tout fonctionne (mis à part la SNCF). Il faut partir longtemps pour sentir à quel point certaines personnes me manquent, combien certaines relations sont importantes. Retrouver certaines vieilles choses, en découvrir de nouvelles. La France m'est devenu un pays presque étranger après 10 ans.

En partant de Paris il faisait 28 degrés. En arrivant au petit matin à Santiago, il faisait 5 degrés. Puis dans ma ville, un petit 12 degrés gris et humide. Avec, à nous attendre à l'aéroport, un Negrito inchangé : content de nous voir, cachant ses émotions, en retard, au volant d'une voiture sale où la musique heavy metal était à fond. Sa conduite me fait toujours battre rapidement des paupières et appuyer fermement les pieds sur le sol, j'avais oublié combien il roule mal et vite.

La routine revient vite, même après un mois de vacances.
Les gestes, le réveil le matin, l'organisation pour l'école...
Negrito, sa famille, ma belle mère...
Les amis, les discussions...
Avec juste cette question lancinante qui revient comme une démangeaison de piqure de moustique : Bordel, mais qu'est-ce que je fous ici, si loin de la France ?

Mon patron m'a appelée une semaine après mon retour. Pour m'annoncer qu'il ne pouvait plus payer mon salaire, les affaires vont mal. Ca, je m'en étais bien rendue compte, vu que je gère les chiffres et les tableaux.
Au choix : ou j'arrête de travailler, ou je continue mais pour la moitié de mon salaire. Temporairement. Peut-être temporairement, en espérant des jours meilleurs, voyez-vous...

Nouvelle qui m'a fait l'effet d'une bonne claque dans la tronche, ou d'un sacré coup de pied au cul. Marrant, ça fait deux fois que je me fais virer au retour de vacances... Second effet de la nouvelle, j'ai ensuite appelé certains amis, ceux qui comptent dans les moments durs, ceux qu'on compte au fil des années sur les doigts de ses mains.

Puis j'ai décidé deux trucs : d'abord je ne vais pas travailler pour la moitié de mon salaire. Je préfère récupérer les indemnités de mon licenciement économique, appelons les choses par leur petit nom. Il va falloir que mon patron fasse le gros chèque qu'il me doit légalement.

Ensuite je prends une semaine pour respirer. Je gère mon stress, je n'appelle personne pour demander du travail, parce que je ne suis pas trop en état pour l'instant. Demander du travail comme un caliméro déprimé "s'il vous plait, j'ai plus de mec, de travail, d'argent, embauchez-moiiii", ça marche pas trop. Je respire...

L'imprévu, c'est Negrito au courant qui appelle tous ses potes pour leur passer mon cv.
Attitude légèrement égoiste de sa part, mais qui a du bon : demain je passe un entretien.

Se motiver, se motiver, se motiver...

Même si l'entretien se passe bien et que je retrouve du travail, la question lancinante revient régulièrement : Bordel, qu'est-ce je fous ici, si loin de la France ?