vendredi 28 mars 2014

I feel blue

J'ai eu tellement de peine l'autre jour que j'ai oublié d'aller chercher mon fils (appelons-le Petitange) et sa cousine à l'école. Je suis arrivée à l'école avec 25 minutes de retard, paniquée, les yeux rouges, la gueule en vrac. J'ai tout simplement oublié d'aller les chercher. La cousine qui a six ans souriait, mais Petitange commençait à être inquiet. Puis tout le monde est devenu inquiet. La mère de la cousine, le frère de Negrito, mon ex belle mère. Et Negrito. Alors il m'a appelée. Une heure et demie au téléphone. Une heure de demie de larmes et de peine. Mon coeur s'est ouvert, j'ai tout lâché. Negrito, de plus en plus inquiet, m'a invitée a manger le soir, en tête à tête.

J'ai laissé Petitange chez moi avec une bonne copine pour partir dans ce restaurant face à la plage. Lumière néon froide et blanche, trois personnes dans une grande salle lugubre décorée de filets de pêche et d'étoiles de mer sèches, puis Negrito. Il me parle de son travail, de ses amis, du temps qu'il fait. Je l'écoute à peine, j'avale péniblement la moitié de mon assiette. L'adition arrive, je le regarde payer. Je lui demande de me répondre à mes questions, c'est pour ça que je suis venue. Nous sortons du restaurant.

- Je te l'ai déjà dit. Je ne suis plus amoureux de toi, je veux vivre autre chose. La vie que je veux avoir ne te conviendrait pas. Si tu veux partir, même en France, je te laisserai partir avec Petitange. Si tu veux rester ici, c'est moi qui partirait. A Panama, ou au Costa Rica. Ou en Espagne.

J'attrape sa main, puis je pleure un peu dans ses bras. Il me reconduit à ma voiture.
- Negrito, tu ne reviendras pas avec moi, n'est-ce pas ?
- Non

Je lâche sa main, essuie un larme. Il m'embrasse sur la joue. Je tourne les talons et marche jusqu'à ma voiture sans répondre à son au revoir. Je démarre rapidement et remonte chez moi. C'est fini, il n'y a que moi  pour ne pas le voir. C'est fini et c'est mieux pour moi, comme tout le monde me le répète. Negrito sort, boit, fait la fète, joue trop d'argent au casino et Dieu sait où. Negrito m'a mené une vie d'enfer.

Je me gare devant cette maison qui a été la notre, qui est maintenant la mienne. Je caresse notre chien, qui est maintenant le mien. Je discute avec ma copine pendant une heure, elle a toujours été mon amie. Elle me persuade de voir un psy et me fait promettre de l'appeler demain. Puis je vais faire un bisou a Petitange qui dort. C'est mon fils, mais c'est aussi le sien.

lundi 17 mars 2014

Coupée

Je me sens coupée en deux. Comme si je n'avais plus de jambes, ou plus de tête.
Je continue de travailler, de m'occuper de mon fils, de voir mes amis. Je sourie.
Devant ceux qui me connaissent, je ne fais pas trop illusion. Mais les autres n'y voient rien.

En fin de semaine Negrito va rentrer de 3 semaines de vacances. Je n'ai aucune envie de le voir.
Il va bien falloir que j'aille lui déposer mon fils (tiens faut que je lui trouve un petit nom pour ici d'ailleurs).

Pas envie de l'entendre raconter ses super vacances, je lui ai déjà dit de ne pas me rammener de cadeau.
Pas envie qu'il me voit avec ma sale tête tristoune que je n'arrive pas à cacher.
Pas envie de faire semblant.
Pas envie d'avoir d'explications.
Je ne pourrais pas parler sans pleurer.

J'ai juste envie de partir... loin...

Je crois qu'il va bien falloir que j'aille voir le psy qu'on m'a recommandé...

mercredi 5 mars 2014

Moderne

J’en ai marre de voir son nom s’afficher sur mon téléphone à chaque fois qu’il me demande des nouvelles de son fils. J’ai envie de lui dire que je vais bien, merci. Que notre fils va bien parce que je m’en occupe bien. Que son père lui manque mais qu’il n’en parle pas. Ou lui demander si c’est lui qui se lève la nuit quand notre fils fait des cauchemards, ou qu’il a envie de faire pipi. Que ce n’est pas facile d’être maman toute seule, pendant qu’il fait le zouave.

Alors j’ai changé son nom dans le répertoire de mon portable. A chaque fois qu’il m’envoie un message ou qu’il appelle, mon téléphone affiche “connard”. Ca ne sert à rien mais ça me fait plaisir.

Ton père est parti

Ton père est parti. Il est parti pour être libre, pour faire la fête, pour boire toute la nuit, toutes les nuits. C’est ce qu’il aime.

Moi, je l’aime et je le déteste. Il est grand, généreux, sincère, doux et sensible. Trop sensible. Alors il boit. La fête, c’est plus drôle que la vie quotidienne de papa et de mari. Il dit ne plus vouloir de responsabilités. Enfin plus celles de père de famille. A moi la vaiselle, le ménage, les courses, ton éducation, les réveils matinaux et tes bains. A lui les copains alcooliques, les soirées jusqu’au levé du jour, les gueules de bois arrosées de bière.

Tout le monde me dit que c’est mieux pour moi. Mais je me sens seule, et triste. Le voir se détruire à petit feu, douter de mes capacités à me relever seule, encore, et t’accompagner dans ta vie de petit garçon de quatre ans. Seule si loin de la France, de mes parents, de mon frère, de mes amis.
Je sais, il te manque, et à moi aussi il me manque. Le bruit de la moto qui rentre le soir, les calins avec toi et lui le matin dans notre grand lit.
Sept ans ensemble, il est parti.

Je te promets de faire de mon mieux, de t’aimer plus que tout au monde, de me relever du mieux possible et de reconstruire. Je me suis donnée un an pour prendre une décision. Rester ici, dans le pays de ton père, ou rentrer en France, dans mon pays. Je n’y vois encore pas grand chose, il me faut surmonter ma douleur, me perdre dans ma solitude, prendre du recul, retrouver mon intuition. Penser à moi, et à toi, qui sera à jamais entre la culture d’ici et la culture française.

Je t’aime, mon petit ange.

Des chiffres et des lettres

Peut-être parce que mon fils commence à compter, je m'y mets aussi.
5 ans que je n'ai pas écrit dans un blog.
Mon fils a quatre ans et demi.
10 ans que je suis au Chili.
40 ans depuis 3 mois.
7 ans dans le même boulot.
3 mois qu'il m'a quitté.

J'ai un peu la tête qui tourne... On m'a dit que pour les chinois c'est l'année du cheval. Le mien a l'air d'être parti au triple galop. Je vais devoir rester bien en selle, regarder droit devant. Et écrire, pour tenter d'y voir plus clair...